Vârânasî (Benares)
  3 147 927 hab.état d'Uttar Pradesh
Cité de Shiva sur les rives du Gange,  Ville magique ou se côtoyent sur les gaths les rites intimes de la vie et de la mort, elle serait une des plus anciennes cité du monde, en l'an 1300 elle fut détruite par les envahisseurs musulmans Afghans.
 
 
8355 km

Nous arrivons à Varanasi à 3h du mat, petite arnaque car l'arrivée était prévue à 6h, dans le bus j'ai fait la connaissance de 2 trés jeunes françaises, nous décidons de marcher jusqu'à l'hôtel que je leur propose.
 
L'hôtel est très bien situé en plein Godaulia (la vieille ville qui longe les gaths) nous sommes au pied du gath principal de Dasawamedh
il nous faudra plus d' 1h30 de marche pour arriver dans le quartier désert, il fait froid 
 
Nous arrivons par le gaths, nous découvrons le Gange au lever du jour, seuls quelques chiens occupent déja la place.
Hôtel en plein centre on m'avait donné l'adresse.
les chambres sont petites, sans fenêtre mais s'ouvrent sur une terrasse , moins de 3 € pour la mienne avec en prime des singes qui font la cavalcade sur les toits voisins 
Je rejoins les gaths encore déserts, seuls quelques courageux ont commencé les ablutions


Le lien vers mes images
 
Crémations
 
j’atteins bien vite le Manikarnika Gath où les crémations ont commencé, des corps brûlent déjà, d'autres sont sur des brancards de bambous enveloppés dans des linceuls dorés, d'autres drapés dans une étoffe rouge, ou blanche
 
Le vœu le plus cher pour un hindou est d’être incinéré à Bénarès et que ses cendres soient jetées ensuite au Gange, fleuve sacré ... 
le Manikarnika Ghât est le principal ghât de crémation, le plus ancien et le plus sacré de Bénarès.   Pour l’hindou la mort est vue comme une libération... 
Des hommes préparent les bûchers, le bois est pesé sur d'immense balance, le corps est déposé sur le tas de bois plus ou moins épais selon les moyens de la famille du défunt
les crémations se font  par paliers, l'étage des pauvres en haut , celui de la classe moyenne, celui des Brahmanes (la noblesse ) plus on se rapproche du Gange
 
Les Varnas (castes), même si elles sont moins visibles  aujourd'hui demeurent, les taches serviles sont toujours accomplies par les dalits (intouchables) toutefois, dans l'Inde moderne ils ont maintenant accés aux études et peuvent prétendre à des postes politiques.
 
Ce matin il y a au moins 6 brasiers , cela peut aller jusqu'à 10 crémations simultanées , je m'approche à une cinquantaine de mètres. 
Un homme vient à ma rencontre et me propose d'avancer, c'est sa mère qui est sur le bûcher dans un linceul doré, l'homme qui s'occupe du brasier installe du fourrage de joncs et allume le feu, il découvre juste la tête, le reste du corps est recouvert de bois , il entretient ensuite le feu , verifiant que toutes les parties du corps brûlent en même temps, l'ambiance y est particulière mais pas morbide.
Quand la boite cranienne explose il s'empresse de raviver le feu, activant les braises.
 
Une crémation peut revenir à + de 1000 € , le bois utilisé peut être de santal ou  ordinaire et coûte entre 200 rps et 10 rps le kg et nécessite 250 kg
il y a 200 crémations chaque jour.
Les pauvres choisissent l'incinération dans le crématorium électrique de Varanasi ou s'endette à vie.
 
Seuls les hommes assistent à la cérémonie, les femmes  y sont interdites, la mort ne doit pas être un moment triste puisqu'elle est délivrance, les pleurs pourraient retarder voire modifier le cycle de réincarnation ou empêcher l'atteinte du Nirvana
Ce sont les intouchables qui ont la tâche des morts, dans les ruelles étroites de la vieille ville j'ai souvent croisé les porteurs de brancards ( le corps est lié dessus), c'est dans un pas de course qu'ils rejoignent les gaths, accompagnés par les hommes de la famille.
 
Les bébés, les femmes enceintes ainsi que les Sadhus ne sont pas incinérés, ils n'ont pas besoin d'être purifiés par le feu, leur corps est directement donné au Gange.
 
Contrairement à l’Indonésie ou l'on ne voit pas le corps brûler, ici il peut être impressionnant selon sa sensibilité, ses croyances de voir , d'entendre et de sentir, mais l'ambiance il est tellement sereine que je ne l'ai pas vécu ainsi.
 
j'ai passé beaucoup de temps autour des crémations pas directement à les regarder, mais dans l'observation des cérémonies qui les accompagnent et plus encore le travail des dalits, , la coupe du bois, le pesage,  l'installation des bûchers etc..

 

 

 
Adolescent préparant des boulettes de céréales qu'il jettera au Gange aprés la crémation de sa mère, il vient de se baigner pour se purifier et a entouré son corps nu d'un drap blanc, j'ai croisé son regard triste et désenparé d'enfant
Il est en charge d'une cérémonie qui conduira sa mère sur les chemins de la réincarnation. ON m'expliquera qu'iln'a maintenant plus de famille.  
 
 Je gardais Benares pour la fin de ce voyage bien trop court, je suis passée vite dans certains lieux pour pouvoir rester  ici plus longtemps, je n'ai pas été déçu.
J'ai tout aimé, les ruelles minuscules de la vieille ville, que j'ai parcouru des heures et des heures.
M'assoir sur les marches et me faire oublier, observer sans déranger, faire partie du décor.
Ici peut être encore plus qu'ailleurs il est difficile de passer inaperçu j'ai du utiliser des feintes d'invisibles pour ne plus exister aux yeux des loueurs de bateaux, des petits vendeurs, des hindous cherchant le contact des touristes.
 
Les pieds presque dans l'eau, je me suis souvent vu entourée, de gens qui venaient faire leurs ablutions,  accueillant ma présence par un regard dans le silence de leur recueillement où dans les cris et les rires de leur jeux aquatiques
Dans le Gange on y prie, on y lave son linge, on se baigne, certains gaths sont réservés aux lavandiers, aux troupeaux.
 
J'ai eu un coup de cœur pour les Sadhus, tellement beaux,  dégagés de ce monde des regards, la grâce de leurs gestes, leur recueillement, leur silence. Quelques jeunes touristes essayent d'entrer en contact avec eux, j'ai préféré le mystère qui les entoure.
j'ai eu la chance de voir un Naga l'élite des Sadhus, il m'a frôlé d'un pas pressé sans un regard, il était nu les gens se prosternaient à son passage, il devait avoir une trentaine d'année et mesurait plus de 1,90m
 
Parfois on regarde les choses, telles qu'elles sont, en se demandant pourquoi
Parfois on les regarde, telles qu'elles pourraient être, en se disant pourquoi pas (Vanessa Paradis)


 
Kantilal, me dit qu'il est étudiant son prénom veut dire "lumière", il me précise qu'il est de haute de haute caste, son père travaille dans les parfums et son vieil oncle est mondialement connu pour ses essences et huiles essentielles. 
-Tu es ma " French mother teacher" je suis ton guide nos routes sont a jamais liées, je te propose d'aller visiter le labo de mon oncle ensuite nous irons au Monkey Temple ...
-désolée Kantilal je ne suis pas une bonne cliente
-Pas de problème ton argent ne m’intéresse pas, j'aimerais que tu apprécies la qualité de nos huiles et ongans

 
 
 il m'entraine au pas de course dans un dédale de petites ruelles, nous rentrons dans la cours d'une maison bourgeoise
Une pièce sombre, une odeur d'encens, des centaines de fioles sur les étagères, je déguste un délicieux thé noir massala. 
Le viel oncle pénètre dans la pièce, son air hautin me déplait, il sait que je n'achèterai rien, les prix sont plus que
 dissuasifs, rares sont les hindous qui font preuve d'autant de froideur, je ne suis pas étonnée d'apprendre qu'il vit une partie de l'année en Europe
 
Dans les rues de Gaudolia, la vieille ville les vaches sont nombreuses, faut avoir l’œil et le pas leste.
Malgré les touristes étrangers, les touristes hindous et la foule des locaux j'arrive à parcourir des rues désertes, elles ont beaucoup de charme, j'y fais de nombreuses photos, je ne me lasse pas, parfois ce sont des singes qui m'accueillent, j'évite de les regarder trop fixement car  ils deviennent vite menaçants, juste de la frime mais c'est bruyant et ça ne manque pas d'attirer les regards sur ma présence, donc pas souhaitable lorsque j'espère un peu de calme.
j'arrive dans le quartier musulman marchands de lait de yaourts de caillé et de fromages délicieux (genre brousse et féta)
 
Gaudolia proche des guesthouses regorge de restaurants aux menus occidentaux, les jeunes touristes en manque de forêt noire tartes et pizzas, pains , personnellement je n'y mets pas les pieds .
Je me nourris uniquement dans la rue, fromage, yaourts, goyaves à profusion, œufs durs, concombres, tomates, carottes, citrons verts. J'évite les tchaïs bien trop sucrés.
 
je ne me lasse pas de Bénares que je parcours de long en large

Je suis assise sur une marche du gath principal  le Dashashwamed Gaths, chaque soir il y a un spectacle chant musique avec offrande  au Gange de fleurs dans de petites coupelles, la coupelle doit s'éloigner au large pour une bonne augure elle emporte vos peines et vos souhaits, je suis entrain d'écrire mon carnet de route ce qui ne manque pas d'interesser quelles que promeneurs qui attendent la cérémonie ainsi que les petits vendeurs.  "
no thank you later" 

Il en faut plus pour les décourager ! j'entends parler tout près et un jeune homme me tend une coupelle de fleur, il vient d'en acheter 2 
je le remercie, il se présente  Bryan et présente ses amis  Ben et Mira ils sont tous 3 américains et Mira est d'origine hindou
Nous passerons une super soirée ensemble après avoir confié dans la nuit nos pensées au Gange




 
Le 3° jour je me décide pour un tour de barque, comme ça fait plusieurs j que les loueurs me poursuivent, le prix démarrent au plus bas comme ils disent, mais c'est encore beaucoup trop cher
alors que je marchande en attendant un autre passager pour partager les frais
Un Coréen dévale les marches, se précipite sur mon loueur et fait grimper les enchères, le pigeon va se faire plumer si je n'interviens pas, content de ma présence .

Weining est bien décidé à faire cette promenade nautique avec moi, heureux de négocier ensemble nos deux places.
Le prix total est une chose que je ne fais  pas baisser, suffit de diviser en prenant un 3eme passager.


 Notre loueur nous explique que + on est de voyageurs et moins on ira vite , pas si je rame > hi  hi ! re-hi hi :o)
Je ne sais pas si c'est chinois (coréen) ou juste masculin mais W embrouille le débat.
les prix sont entrain de grimper, j'avais obtenue 100rps déjà trop cher par persone on est maintenant à 300 les 2

Finalement Weining m'annonce en grand seigneur que je vais payer 50 et lui 250
Ok on embarque, W n'a pas le pied marin il évite le plongeon de justesse, pas physique, look intelo,  mais bien sympa le jeune garçon.
Le lien entre nous est immédiat.

Le loueur avait compris que je voulais ramer (mheu non !), GO moussaillon hey hey pas si facile ...
grosse partie de rigolade quand c'est au tour de W, on s'amuse comme des fous, en longeant les gaths
j'essaye de faire quelques photos d'une crémation, interdit mais en payant (ce qu'on a fait en prenant la barque) cela change le règlement, je veux juste en saisir l'ambiance pas de voyeurisme ...
la balade sur le Gange n'est que de 15mn, vraiment court mais rien à voir de nouveau pour moi qui parcours ces gaths dés le petit jour.

Weinig ne me quitte plus :o) il m'amène à Sarnath haut lieu bouddhiste, il veut ramener des photos pour la famille.
C'est un jeune homme d'affaire  25ans venu négocier des marchés en Inde sont temps est compté, il me donne sa carte de visite pro.

Je le sens un peu apeuré, en tout cas pas du tout à l'aise dans ce pays ou j'évolue avec facilité
Il me dit que je suis son garde du corps ce qui me fait beaucoup rire. J'ose pas lui dire que je me vois plus dans le rôle de maman. >> hi hi
Il m'offre un coca moi des goyaves mais il n'y touche pas, trop peur d'être malade. Il me donne des "stiks " de viande séchée ramené de chine et différentes nourritures industrielles dont il a rempli sa valise 

Il m'offre l'entrée du parc, il veut photographier le stupa (immense tumulus représentation aniconique du Bouddha)  Nous ne visterons pas les temples il se refuse à enlever les chaussures  hi hi le sol très propre pourtant pourrait cacher quelques impuretés je suppose, nous ne visiterons donc aucun temples, affaire réglée :o), nous repartons dans le même taxi réservé

Je quitte mon jeune prince devant son hôtel de luxe en refusant le transport qui m'est offert.

Je marche le long d'immenses boulevards avant de rejoindre le premier gath , il me faudra encore 2 heures de marche pour rejoindre le gath central proche de mon hôtel je ne me lasse pas de ces longues balades si riches en rencontres et  scènes de vie souvent inattendues, une chèvre vêtue d'un pull me suit, des ados jouant  au criquet saluent mon passage, plus loin un troupeau de zébus, des enfants s'affrontent dans un combat de cerfs-volants.

Je me dirige pour la dernière fois vers les crémations et photographie un magnifique banian (arbre largement bicentenaire)
Un homme me saute dessus,
interdit de photographier les crémations je vous donne une amende de 1000 roupies  le gars s’excite très en colère
-  si vous êtes garde montrez moi vos papiers, ensuite je vous montrerai ma photo .  IL sent l'alcool, chose très rare pour pas dire exceptionnel en Inde.

et blabla menace de police  suivez moi !
arnaque évidente qui doit effrayer, je lui tourne nonchalamment le dos et repars calmement, il n'insiste pas.

Un jeune homme me rejoint pour me dire que cet homme est un voleur et qu'il va me raccompagner à l'hôtel.
mon rire en retour le déconcerte un peu, il veut que je le photographie et me laisse son adresse e.mail (voila qui est plus clair)

Les jeunes hindous, celui ci certainement de la caste brahmane, ont tous une adresse internet, ils se connectent dans les cybercafés, car brahmane mais pas toujours suffisamment riches pour se payer un ordinateur.

Je regagne l'hôtel, demain matin départ bien avant que le jour se lève .

 








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