Bijaipur  état du Karnataka
 
 
3860 km
27/12/2010

 
Je quitte l'hôtel vers 6h, le jour n'est pas encore levé, je croise de temps en temps des ombres emmitouflées dans des couvertures, tout le monde marche en silence, d'un pas pressé, il fait froid.
Au petit jour je trouve le sac bien lourd.
 Dans la journée la t° atteindra facilement les 28°, les écarts sont énormes.
J'aime bien ces parcours de nuit dans le silence (sans les klaxons incessants);
 
J'arrive, toujours dans la nuit, à la station de bus, il va falloir que j'attende avant l'arrivée du bus, la place se paye à l'intérieur et la c'est le hasard ou la chance  personne ne peut prédire de l'état du véhicule suivant et comme d'habitude je récupère un bus de chez pourave
Ne pas se fier à l'extérieur,  la carrosserie est souvent trompeuse 
 
Dans le hall d'attente en plein froid il y a deux femmes qui dorment sur le sol avec 3 enfants, quand je suis arrivée ce n'était que des masses sous les couvertures
le réveil à l'air difficile, une femme doit avoir entre 45 et 60 ans, l'autre autour de 25 ans, les enfants 3,4 et 6 ans  sont hyper sales avec les cheveux embrouillés et une toux rauque, j'ai la même depuis le début du voyage dans les courants d'air du train mais l'un des gamins me semble fatigué, faut dire que le réveil ne s'est pas fait en douceur et qu'ils tombent de sommeil, je les regarde faire leur baluchon, la petite fille de 4 ans se débrouille seule.
 
La mère me tend la main je lui donne des bananes, ensuite c'est le petit garçon qui me réclame des roupies, je lui donne le paquet de biscottes que j'ai acheté la veille en prévision du pti'dèj  mais il me le redonne en colère, sa mère s'en saisie et un balayeur qui avait assisté à la scène les vire plus loin
Je ne les reverrai plus.
 
Je monte dans le bus essayant de contenir la violence du flot qui me pousse, me refusant à un tel comportement, une phrase de Gandhi me revient en mémoire " à force d'agir oeil, pour oeil nous deviendrons aveugle" alors je souris et mon attitude déstabilise mais juste quelques secondes.
 
Le bus marquera des arrêts dans toutes les villes et il nous faudra 10h pour parcourir 400 km, je me dis qu'il va falloir que je calme un peu
le rythme mais je ne veux pas être dans une grande ville pour le nouvel an. 
j'aime la solitude des foules, mais j'ai fait le plan de réveillonner avec d'autres touristes.  Chiche ...!
 
le paysage est magnifique, j'ai quitté le nord et me voila maintenant parcourant des km de canne à sucre, de coton, de maïs, des vignes
et toujours pas un arbre fruitier, des moutons, des vaches, des buffles.
les fruits me manquent, jusqu'à présent je n'ai trouvé que quelques rares bananes, l'Inde est sous le même hémisphère que la France, ici aussi c'est l'hiver.
Refusant d'écouter les paranos des guides de voyage je me nourris souvent de légumes frais, j'ai quasiment abandonné la nourriture des restos à laquelle je préfère les petits kiosques de rue où je peux choisir à l'oeil et à l'odeur ce que je vais manger, les portions sont plus petites et en choisissant plusieurs échoppes mes multiples encas égayent mes journées de diverses experiences le plus souvent excellentes, c'est aussi un moment de rencontre impossible dans un resto, les prix sont divisés par 5.
 
28/12
Bijaïpur
 lien vers mes photos  

 
Lorsque j'arrive dans un nouveau lieu c'est toujours un peu la même chose, les hordes des Rickshaws qui me proposent des prix hallucinants pour me conduire à l'hôtel (j'envie les hindous qui savent où ils vont et peuvent partager les frais)
 
Je demande mon chemin et commence une marche que j'évalue à 3 km, là je suis un peu vidée rien mangé depuis la veille (tout laissé aux mendiants) et rien en route, le sac est lourd mais ça va aller, je pense à la douche qui m'attend à un petit resto sympa, finalement le chemin n'est pas si long et je n'ai aucune difficulté à me faire guider
Tout droit, toujours tout droit ... une H après je marche encore, je trouve le sac de plus en plus lourd, il faudra que j'étudie un peu mieux la  répartition de la charge et que je règle autrement les bretelles.
 
Je fais des sourires aux gens que je croise et j'en récupère au centuple.
J'ai tout de suite le coup de coeur pour cette ville sans doute aussi bruyante que les autres mais il y a un je ne sais quoi de différent.
Il fait très très chaud et j'aime ça , je savoure la chance que j'ai d'être là et je pense à vous tous dans le froid.
 
Hôtel immense prix correct, à l'heure où j'arrive s'ajoute la crainte de ne pas trouver de chambre. mais durant ces 2 mois de voyage je me suis étonnée de mon attitude très Zen. j'étais dans la certitude qu'il ne pouvait m'arriver que le meilleur.
 
Je balance le sac dans un coin de la chambre et me précipite sous la douche
Pas d'eau, oupsssss ! je m'habille descends les étages, plus on est haut moins c'est cher, jusqu'à l'accueil où du coup je remplis ma fiche d'arrivée , 3 formulaires
"avez vous ouvert l'eau !" bon celle là je ne la connaissais pas, en Inde devant chaque chambre il y a un interrupteur qui coupe toutes les arrivées électriques, je trouve cette mesure écolo (au cas où le client oublie d'éteindre) et très pratique, car on peut éteindre de l'exterieur et avoir l'éclairage dés l'entrée dans la chambre et bien dans cet hôtel l'eau est aussi coupée de l'extérieur.


 
 
Finalement je vais acheter des bananes et des biscottes sucrées safran cumin et m'effondre sur le lit, avec la télé  whaou ! une vingtaine de chaines, des séries zarbies, que des pubs, je pourris mon lit de miettes , finis par me doucher et dodo  il est 20 h  soit 16h en France 
 
Réveil deux heures avant le lever du jour j'en profite pour faire quelques étirements, recharger l'apn masser mes pieds à l'huile de coco, une belle et longue journée s'annonce  GO go go !
Celà fait plaisir de commencer la journée en Tshirt, j'suis en pleine forme, je marche d'un pas rapide en direction du centre ville
Je capte les regards et toujours les mêmes sourires, l'avantage des villes c'est que l'on se fait moins aborder, quoique en 2 km j'ai bien dù me présenter une bonne dizaine de fois,
"where do you com from? 
what's your name your husband ? etc ..." quand je suis fatiguée de ces incessantes questions je ne réponds et me contente de sourire. Sinon je retourne les questions, ou réponds que je ne parle pas anglais
les hindous sont bavards mais ne cherchent pas le contact physique sauf parfois les vieilles femmes qui me prennent la main ou caressent mon bras.
 
Parfois on m'arrête juste  pour mon tatouage de gecko sur le bras, les hindous adorent mon tatouage, les femmes s'étonnent de voir que je n'ai pas de bijoux c'est impensable, une grosse faute de goût, ou signe d'une extrême pauvreté  je n'ai même jamais vu de mendiantes sans bijoux, les bébés en sont déja couverts.
 
il est 8h et la ville est encore calme, le marché est vide , les échoppes fermées, il faut attendre 10h, je n'arrive pas à me faire à ces horaires, j'suis pas synchro. 
 
Bijaipur a de nombreux vestiges musulmans, mausolés, mosquées, la ville est entourée de murs pour la plupart en ruine
je les découvre en empruntant des terrains vagues, il se dégage une ambiance indescriptible, silence, immensité, temps suspendu
les bruits de la ville ma parviennent mais je suis transportée par tant de beauté
-mais que trouve t'elle de beau dans un mur écroulé ?
je ne sais pas, peut être juste la matière, un amas de pierres érodées, le mystère, l'empreinte du temps, ou peut être juste le silence d'un lieu abandonné si proche de l'effervescence de la ville.
 
je retrouve la ville assourdissante, le marché a enfin commencé, je vais pouvoir manger, 8 bananes oui je sais c'est abusé mais c'est tellement bon et puis c'est un gain de temps car il ne me faut pas plus de 15 mn pour en venir à bout. Et les vaches et chêvres se chargent de me débarasser des peaux.
 Du temps je n'en ai jamais assez...je veux tout voir, tout entendre pour essayer de comprendre, ne plus visiter être juste dedans et avec.  Pour cela il faut du temps et marcher encore marcher, les km dans les villes j'adore, mais mes bronches n'en veulent plus, je ne me suis pas débarassée de cette sale toux et la pollution +++ y participe.
 
Les hindous sont chaleureux et joueurs, il faut juste oser et là je suis en forme.
 
 Ils aiment être photographiés, c'est une opportunité pour créer des liens, j'ai vu beaucoup de touristes (groupes accompagnés de leurs guides) qui braquaient leurs objectifs sans même un sourire, s'ils savaient ce qu'ils ont perdu !
Photographier c'est aussi montrer la photo qui s'affiche sur l'écran, l'appareil circule de main en main
 
Aujourd'hui, jour des femmes, il est à peine 10h le marché est encore calme, je photographie les étals, je vois que la vendeuse veut être sur la photo, je taquine et ça marche les copines s'en melent et c'est maintenant tout le monde qui veut sa photo, c'est l'h du tchai, c'est toujours l'h du tchai, on m'invite, puis je goûte à quelques légumes, quelques épices.
 
 On ne m'entoure pas pour ce que je pourrais acheter, juste pour me faire découvrir d'autres parfums et d'autres saveurs, si je photographie un chien on me montre un chat, si je m'interesse à une courge on me présente toute la famille cucurbitacée. 
 

Le vendeur de fleurs noue autour de mon bras et dans mes cheveux une guirlande de jasmin, le lendemin il recommencera

Je les quitte à regret pour aller vister les mosquées mais demain je reviendrai.

INDE je t'me



29/12

Je me promène dans la ville, dans les quartiers et vais de découvertes en découvertes, des rencontres inattendues, d'un quartier à l'autre tout est différent, ici ce sont des cochons sauvages, là de vaches et des Zébus la campagne dans la ville, Namasté, et partout le même
accueil amical, la surprise aussi de ma visite 


je continue dans un quartier bourgeois
 
Une scéance de stretching avortée

le soir tombe, je suis à nouveau dans le centre où j'ai repéré un parc qui entoure des ruines, j'ai envie de m'isoler sous les arbres et profiter du soleil couchant, quelle naïveté dans un pays d'un milliard d'habitants "j'suis plantée, plantée au milieu du désert ..."
j'ai choisi un arbre, à côté d'un groupe de femmes en cercle, elles ont des habits ethniques splendides et sont tellement bruyantes que mon arrivée est passée inaperçue, et moi absorbée par un écureuil qui essaye de m'apprivoiser, je me laisse surprendre
"Photo, photo" la demande en est presque agressive mais je m'exécute, elles posent, dansent, se saissisent de l'APN que je dois leur arracher
pas facile de m'imposer, pas besoin d'être chien douanier pour détecter la nature de leur calumet.
 
Cho cho, plus raisonnable de ne pas m'attarder
je change d'arbre et d'écureuil, celui ci est noir et ressemble à un chien, c'est un chien bâtard et nonchalent je l'aurais tant voulu de garde. Je n'aime pas ce que je viens de vivre.
j'étire une jambe, la deuxième, les 2 jambes et quand je me relève ils sont là, un essaim de gamins, ils arrivent en vague avec leurs questions.
les même questions dites et redites comme un exercice d'anglais en classe de 6eme, patience et abnégation et c'est reparti pour une scéance de photos, mais c'est stupide me direz-vous ces photos ils ne les aurons pas? juste se voir quelques instants sur l'écran de l'APN 
ou savoir qu'ils resteront image de mon voyage, je chercherai la réponse
Voyager c'est changer de regard


 
Je ne compte pas les km mais c'est au minimum 10h de marche J'aime aller  à la rencontre des gens dans leur quotidien, là  où ils n'ont rien à me vendre, là où ils peuvent m'accueillir ou me rejeter , dépendre d'eux pour retrouver ma route. Il me sera impossible de vous communiquer dans ces lignes ce que j'ai reçu dans ce voyage. je vais me contenter de décrie le palpable .
En Inde la vie est partout. Tellement forte partout que bien des touristes en gardent un mauvais souvenir, je suis encore dedans parceque j'y ai trouvé la confirmation de ce qui était déja mon mode de pensée, si vous êtes attachés à votre salon Ikea, si pour vous la cuisine intégrée est une valeur sûre n'allez pas en Inde vous détesterez. Si la décroissance vous fait peur vous serez rassuré, c'est fou ce que le RIEN fait grandir les coeurs au point de vous sentir minable avec vos petites idées occidentales , c'est la baffe que vous prenez , moi je l'ai prise comme un carresse et n'ai pas envie de m'en défaire.




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